Les légumes bio sont-ils plus nourrissants ?
On a dû beaucoup vous le répéter dans votre jeunesse : il y a de la Vitamine C dans les oranges, les carottes aident à bronzer car elles regorgent de bêta-carotène et le chocolat est bourré de fer. Les aliments et leur qualité nutritionnelle, c’est le sujet d’aujourd’hui. On sait que faire pousser des légumes sans pesticides et sans engrais chimiques est meilleur pour la terre et la biodiversité. Mais qu’en est-il pour nous ? Au-delà de la présence de résidus pétrochimiques dans nos aliments, les légumes bio seraient-ils plus nourrissants ? Et puis, quels autres facteurs peuvent affecter la qualité nutritionnelle des aliments ?
Ce qui ne me tue pas me rend plus fort
D’après les études les plus récentes [1] , les aliments issus de l’agriculture biologique seraient jusqu’à 60 % plus riches en antioxydants que ceux issus de l’agriculture pétrochimique, en particulier en polyphénols et flavonoïdes. Ceci serait dû au fait que les plantes cultivées en agriculture biologique poussent sur des sols plus riches, sont cueillis à maturité et doivent davantage se défendre contre les agressions - maladies, champignons, prédateurs - et mettent donc une partie de leur énergie dans la production de composés phénoliques. A l’inverse, les plantes cultivées à grand renfort d’engrais et de pesticides n’ont pas à assurer leur défense et se concentrent donc exclusivement sur leur croissance et leur développement.
En parallèle, les produits bio contiennent jusqu’à 50 % moins de cadmium, un métal lourd toxique à haute dose et issu des engrais, et moins de nitrates. Et ces différences de qualité entre produits ont des répercussions sur notre santé ! En 2018, une étude épidémiologique auprès de 70 000 personnes [2] concluait que les personnes mangeant majoritairement des produits bio auraient 25 % moins de risque de développer certains types de cancer - en particulier les cancers du sein et les lymphomes - par rapport à ceux qui en consomment le moins, toutes choses égales par ailleurs !
Les gaz à effet de serre menaçants pour la qualité nutritionnelle des légumes
Il vaudrait donc mieux manger bio... mais d’autres facteurs affectent la qualité nutritionnelle des aliments. Et notamment, le changement climatique [3] ! Surprenant n’est-ce pas ?
En effet, les changements climatiques proviennent d’une plus grande concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et notamment de CO2. Celle-ci affecte les processus de photosynthèse de certaines plantes, comme le blé, le riz, les pois et le soja et diminue leur teneur en fer et en zinc. Ce qui est particulièrement inquiétant quand on sait que 2 milliards de personnes sont déjà carencées en fer et en zinc dans le monde [4] . A l’avenir, si ces teneurs en minéraux tendent à s'amenuiser encore davantage, cela pourrait poser de graves problème de santé publique.
Pour le blé et le riz, les taux de protéines baissent également quand les concentrations de CO2 augmentent. Heureusement, certaines plantes, dont les mécanismes de photosynthèse sont différents, telles que le maïs, la canne à sucre et le sorgho, semblent moins affectés par ces changements de teneur en CO2 dans l’atmosphère. Le problème, c’est que moins de 5 % des plantes ont recours à ce type de photosynthèse !
Les plantes sauvages, super-aliments
De quelles solutions disposons-nous alors pour éviter ces carences ? Il existe d’autres sources d’alimentation qui restent très riches en nutriments et auxquelles on ne pense pas toujours : les plantes sauvages !
En effet, celles-ci poussent spontanément dans les lieux leur étant le plus favorable - souvenez vous de notre dernier article - et ne sont ni arrosées ni choyées. Devant se battre pour vivre et étant moins gorgées d’eau, elles concentrent donc les nutriments. Nombre de plantes sauvages sont ainsi de véritables super-aliments - l’ortie par exemple contient 10,4 mg de fer par 100 g, soit 4 fois plus que dans la viande rouge (2,6 mg) à poids égal. Les cynorhodons, eux, contiennent 4,5 fois plus de vitamine C que les kiwis (426 mg contre 92 mg). Et, pour des légumes équivalents, la version sauvage contient systématiquement davantage de nutriments : par exemple le chénopode, un cousin sauvage de notre épinard, contient 5 fois plus de calcium et 1,5 fois plus de phosphore que les épinards du potager [5] .
Une bonne raison d’apprendre à reconnaître quelques plantes spontanées dans nos jardins et à ne plus faire la chasse aux prétendues mauvaises herbes !
Cultures et Compagnies offre ainsi la possibilité aux entreprises de valoriser leur foncier en y cultivant des fruits et légumes à haute valeur nutritionnelle, cueillis à maturité, pour le plus grand plaisir des collaborateurs !
[1] Baranski, M. (dir.), “Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses”, British Journal of Nutrition, 2014
[2] Baudry, J., Assmann, K., Touvier, M., Allès, B., Seconda, L., Ezzedine, K., Galan, P., Hercberg, S., Lairon, D., et Kesse-Guyot, E., “The frequency of organic food consumption is inversely associated with cancer risk: results from the NutriNet-Santé prospective Cohort”, JAMA Internal Medicine , 2018.
Santi, P., Foucart S., “L’alimentation bio réduit significativement les risques de cancer”, Le Monde, 22 Octobre 2018
[3] Myers, S. (dir.), “ Increasing CO2 threatens human nutrition ”, Nature, 2014
[4] “ Supplémentation en fer pour les enfants des régions d’endémie palustre”, Bibliothèque électronique de données factuelles pour les interventions nutritionnelles (eLENA), OMS, 2012 -
[5] Couplan, F., Guide nutritionnel des plantes sauvages et cultivées, Delachaux et Nieslé, 2011