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Comment gérer la ressource en eau dans les projets de maraîchage agroécologique ?

Alors que le record de sécheresse hivernale a été battu en 2023, nous pouvons nous interroger sur la nécessaire adaptation du monde agricole au changement climatique. En effet, l’agriculture représente près de 45% de la consommation d’eau douce en France et 9% des prélèvements en eau (Ministère de la transition écologique). Les cultures maraîchères sont gourmandes en eau et nécessitent le plus souvent d’être irriguées. Pour diminuer l’impact sur les ressources en eau, de bonnes pratiques agroécologiques peuvent être mises en place.

 

Les besoins en eau du maraîchage biologique diversifié

Les légumes que nous mangeons sont issus de plantes cultivées par des maraichers et maraichères. Pour se développer, ces plantes ont besoin de plusieurs éléments que sont le dioxyde de carbone, la lumière du soleil, l’eau et les nutriments.

D’où vient l’eau utilisée par les plantes ?

Cette eau puisée dans le sol par les racines des plantes transporte des nutriments essentiels au bon développement des végétaux. Leurs besoins ne sont pas constants dans le temps ni égaux entre toutes les espèces. A chaque étape du développement de la plante, ses exigences varient : un excès d’eau peut même lui être néfaste (asphyxie des racines, développement de maladies) ! On remarque également que certaines espèces cultivées en demandent plus que d’autres : la tomate, produisant des fruits gorgés d’eau, est par exemple plus gourmande en irrigation que la salade (BRL).

La ressource en eau naturellement disponible pour les plantes provient des précipitations qui s’infiltrent dans le sol. Les plantes peuvent prélever seulement une partie de cette eau du sol : on parle de réserve utile du sol. Lorsque cette réserve utile ne suffit plus à alimenter la plante en eau, on déclenche l’irrigation.

 

De quelle quantité d’eau d’irrigation les plantes maraîchères ont-elles besoin ?

L’irrigation est nécessaire lorsque les réserves en eau du sol du sol ne suffisent plus. Dans le cas du maraîchage biologique diversifié, on peut estimer que les besoins en eau d’irrigation sont compris entre 1 500 et 3 000 m3 / ha / an. L’arrosage des cultures se concentre généralement sur quelques mois de l’année avec des pics lors des périodes les plus sèches.

Cela présuppose qu’environ 10% de la surface de culture se fait sous serre froide, situation dans laquelle les plantes ne reçoivent pas l’eau des précipitations et où l’irrigation est indispensable.

Les variations de ces besoins sont dues aux différences de structure du sol, de pluviométrie ou encore de vent (Produire Bio). L’origine de l’eau d’irrigation peut varier : nappe phréatique (forage), cours d’eau ou réserve d’eau pluviale.

 

Le dérèglement climatique : impact sur la ressource en eau disponible pour les plantes

 

Le dérèglement du climat tend à multiplier les périodes de sécheresse, ce qui assèche les sols et diminue leur capacité à laisser l’eau s’infiltrer lors du retour des précipitations. En effet, un sol asséché va développer un caractère hydrophobe et mettra un certain temps à se réhydrater, laissant l’eau de pluie ruisseler massivement dans un premier temps (F. Trolard, INRAe). Par ailleurs, un sol nu absorbera moins bien l’eau qu’un sol bénéficiant d’un couvert végétal, les plantes jouant un rôle d’amortisseur pour les gouttes de pluie via leurs feuilles et la litière qu’elles créent au sol (WikiAgri).

Ces périodes de sécheresse vont impacter le remplissage des nappes phréatiques et diminuer la ressource en eau disponible pour les plantes et notamment pour l’agriculture.




Les leviers existants pour diminuer l’impact du maraîchage sur les ressources en eau

Pour limiter l’impact des prélèvements d’eau souterraine (nappes) et améliorer la résilience des fermes maraîchères, différents leviers existent.

Agir sur le sol pour limiter les besoins d’irrigation

Paillage des buttes de culture à la ferme du Terr’eau ©Cultures et Compagnies




Tout d’abord, il est possible d’agir sur le sol afin d’améliorer sa réserve en eau. Le paillage ou mulching (couverture du sol) permet notamment de limiter l’évaporation et de favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol (Adekalu et al., 2007). En réduisant le travail du sol (travail de conservation), on peut également avoir des effets bénéfiques : les vers de terre se développent et augmentent la porosité du sol ce qui permet une meilleure rétention de l’eau et une bonne croissance des racines (El Titi).

 


 


Penser le choix de ses cultures de façon à minimiser les besoins d’irrigation

Le choix des cultures peut également être un levier pour diminuer les besoins en eau d’irrigation d’une ferme maraîchère. Il est judicieux de choisir des variétés indigènes, adaptées au climat local, qui nécessiteront par conséquent moins d’apports externes. Par ailleurs, il est aussi possible de mettre en place un système agroforestier en intégrant des arbres aux cultures maraîchères. Les arbres vont avoir un effet brise-vent, créer une litière au sol et limiter son érosion grâce à leur système racinaire. ; cela demande néanmoins une connaissance fine du terrain et des plantes qui y sont adaptées. En effet, une mauvaise association pourrait avoir un effet inverse à celui escompté en générant une compétition entre les arbres et les plantes maraîchères.

Les alternatives au prélèvement dans les nappes

Lorsque l’irrigation n’est pas évitable, on peut agir sur l’origine de notre ressource en eau. Ainsi, il est possible de créer des réserves d’eau pluviale en récupérant les eaux qui ruissellent des toitures. Ces réserves peuvent prendre la forme d’un bassin à ciel ouvert ou de cuves, enterrées ou non. Cela permet de minimiser les prélèvements dans les nappes phréatiques.

 

Mare de rétention des eaux pluviales à Une Ferme du Perche ©Cultures et Compagnies

Il existe également d’autres leviers qui ne sont pas spécifiques à l’agroécologie comme le calcul précis des besoins en eau (bilan hydrique) pour éviter une irrigation excessive ou encore l’installation de matériel d’irrigation limitant les apports (micro-irrigation).

En combinant ces différentes pratiques et en étant attentifs à leurs cultures et aux conditions de leur environnement, les maraîchers peuvent augmenter la résilience de leur ferme face aux épisodes de sècheresse.

 

Nos projets économes en eau

Une ferme irriguée intégralement avec la récupération des eaux pluviales

Située en Toscane, la ferme maraîchère de Balenciaga (Groupe Kering) à Cerreto-Guidi a été conçue par Cultures et Compagnies de façon à ne pas impacter la ressource en eau souterraine. Pour cela, l’eau pluviale ruisselant des toitures de l’usine de maroquinerie attenante sera collectée et stockée de façon à pouvoir irriguer les cultures maraîchères lorsque les précipitations ne suffisent pas.

Cliquez ici pour découvrir ce projet

Des noues et une mare pour collecter les eaux pluviales

La ferme urbaine du Blanc-Mesnil a été imaginée de manière à être économe en énergie et en eau. Deux systèmes de récupération des eaux pluviales ont été pensés : une collecte des eaux de toiture pour un stockage enterré et une seconde collecte via un système de noues dirigeant l’eau vers une mare. Cela permet faire de la ferme une zone tampon et minimise la consommation des ressources en eau de ville.

Cliquez ici pour découvrir ce projet

 

Vous aussi vous souhaitez développer une ferme maraîchère agroécologique économe en eau ?